Mère Teresa fait crédit à Madagascar
J'étais sur le point de travailler dans une mission catholique pour venir en aide à des handicapés (façon mère Teresa, donc), et je me suis retrouvé en banquier! Entre les deux, on dirait qu'il y a un monde. Et pourtant...
Plantons déjà le décor:
Montagnes rouges et vertes, en raison de la terre rouge de la grande île, couverte de végétations. Partout, des rizières, parfois en terrasse, donnent un air plutôt asiatique. Et pourtant, je suis encore en Afrique... Du moins géographiquement.
Des forêts, de grands parcs nationaux où s'ébattent gaiement des lémuriens rigolos (à l'air un peu niais, mais rigolos, si si...). Et à l'est de la zone montagneuse centrale, la végétation devient tropicale, avant de se jeter dans l'océan Indien.
Au Sud-Est, le designer de l'île a décidé de se faire plaisir et d'ajouter une touche de fantaisie: sur plusieurs centaines de kilomètres, une fine bande de terre dessine la côte, l'océan et sa barrière de corail d'un coté et le superbe canal des Pangalanes de l'autre.
Sur cette bande de terre, des plantations de vanille, de poivre, de café, des villages de pêcheurs et quelques bourgades un peu plus imposantes, mais que l'on peut quand même qualifier de "coins paumés".
Et dans ces coins paumés: moi!
Note: parmi les critères avec lesquels j'ai appris à définir un coin paumé depuis le début de mon voyage, citons...
- pas d'accès à internet (désolé pour le silence radio - en plus, les cabines téléphoniques, elles ne marchent que quand elles ont envie... et là, elles n'avaient pas envie), et/ou
- pas de route pour s'y rendre, et/ou
- quand le but du jeu, pour les enfant, c'est d'essayer d'aller toucher un blanc dès qu'il a le dos tourné (parce que, de face, qu'est -ce que ça fait peur, un blanc!)
- etc...
Après avoir découvert une partie de la grande île (une partie seulement, parce que le jour où ils auront l'idée de construire des routes, dans ce pays, et qu'on mettra moins de temps en voiture qu'en pirogue pour relier deux villes, ça sera sans doute plus facile d'aller visiter les coins qui ne sont pas sur LA route de l'île... mais bon, ça fait partie du charme, il parait ;o), je suis allé me perdre un peu vers le canal des Pangalanes.
J'avais prévu de rejoindre une mission, dirigée par un prêtre, qui s'occupe de handicapés (on peut facilement imaginer que, à la vue des conditions de vie en brousse, les handicapées ne soit pas franchement traités le mieux du monde, là-bas). Mais il se trouvait qu'exceptionnellement, il y avait déjà plusieurs volontaires (et même "assez" de volontaires. Et c'est tant mieux!).
Alors plutôt que d'y aller en n'étant pas ou peu utile, j'ai décidé de rouler ma bosse un peu plus loin. Et c'est là que, le hasard a fait, comme très souvent, super bien les choses...
En partant de mon coin paumé sur la côte, je me fait prendre, en cours de route, en auto-stop par un type. On discute un peu en route. Il se trouve qu'il est Directeur Général d'une mutuelle de micro-crédits qui y a des problèmes dans... un coin paumé sur la côte. Me voilà donc propulsé dans le monde financier, oui, mais dans les micro-crédits, s'il-vous-plaît. Et là, ça devient nettement plus intéressant!
J'ai donc écumé pas mal de coins paumés sur la côte, j'ai appris une foule de choses sur un sujet intéressant (bon, je reformule: qui, moi, m'intéresse), tout en me rendant utile à une cause toute aussi utile. Il est pas sympa, le hasard?
Et aujourd'hui, retour à la civilisation (et à internet). Ma mission est terminée, et je reprends mon chemin de touriste intrépide vers les hauts-plateaux malgaches.
P.S.: bientôt de retour (bon... "de passage", d'accord, mais on ne va pas bouder le plaisir pour une histoire de mots) dans mon cher Pays-des-fromages-qui-puent-mais-qui-sont-super-bons... Faites chauffer les bras et rafraichir les bières: ça va s'embrasser sec pendant des soirée arrosées!